LETTRE OUVERTE AUX CANDIDATS A LA MAIRIE DE PARIS

 

Objet : La Sécurité des Parisiennes et des Parisiens,

Convention d’indemnisation des victimes de l’explosion de la rue Trévise du 12 janvier 2019

 

Mesdames, Messieurs les candidats à la Mairie de Paris,

 

Le 12 janvier 2019, une explosion de gaz déchire le cœur de la capitale au 6 de la rue de Trévise, prend la vie à quatre personnes, en blesse soixante-six autres dont dix gravement. La capitale n’avait pas vécu pareille tragédie liée à une explosion de gaz depuis 1978. Parmi ces victimes du 12 janvier, des enfants grandiront sans leur parent et d’autres conserveront des séquelles irréversibles. Cet accident a bouleversé la vie de plusieurs centaines de sinistrés, victimes françaises et étrangères.

Or plus d’un an après, au-delà des premières aides, les victimes constatent qu’elles sont seules pour affronter les multiples répercussions de ce drame, que ce soit sur les plans physique, psychique, professionnel, familial, social et immobilier, entre autres.

Malgré la tenue de réunions de travail régulières, la mobilisation des associations et des équipes de la Mairie du 9ème arrondissement il reste de nombreux problèmes et blocages insupportables. Les victimes constatent qu’avec les méandres procéduraux au Pénal et Civil, et la mauvaise volonté des différents interlocuteurs rien n’avance.

 

Or, le 30 décembre dernier, dans le cadre de l’information judiciaire en cours, le Procureur de la République a communiqué une synthèse du rapport d’expertise : l’explosion serait due à l’accumulation de gaz naturel du réseau GRDF, consécutive à la rupture d’une canalisation de gaz, la cause principale étant un affaissement du sol sous le trottoir au 6, rue de Trévise.

Le rapport d’expert pointe sans équivoque les retards et manquements du service de la voirie de la ville de Paris et son sous-traitant, ces manquements « sont en lien avec l’explosion », « si la cause de l’affaissement du trottoir avait été recherchée et si sa réfection avait été correctement réalisée, cette explosion aurait pu être évitée ».

 

Nous sommes très inquiets de l’état de la voirie de Paris et des possibles menaces pour la sécurité des Parisiennes et Parisiens et des nombreux touristes qui visitent la capitale. Récemment rue Bergère les mêmes causes (affaissement de la rue, micro fuites de gaz) ont nécessité en toute urgence des travaux et ravivé les inquiétudes. Comme autorité concédante de la distribution de gaz, la Ville de Paris doit, comme elle l’affirme, respecter les « enjeux de sécurité » et être «au service de tous les Parisiens ». Sans préjuger d’aucune faute, La Mairie de Paris a donc une responsabilité morale vis-à-vis des parisiens et se doit de réparer les conséquences de l’aléa quand il se transforme en tragédie pour la population et les touristes.

➔ Nous souhaitions connaître votre position en tant que candidat à la Mairie de Paris sur cette situation et les actions que vous comptez mener afin d’éviter de nouveaux drames.

De façon toute aussi urgente, le droit à réparation des victimes de l’explosion du 12 janvier se trouve pris en otage du temps judiciaire nécessairement long, de discussions complexes et techniques dont  l’issue est malheureusement lointaine. Cette situation préjudiciable va à l’encontre des bonnes pratiques d’élaboration de conventions d’indemnisation mises en œuvre pour des accidents collectifs  antérieurs (déraillement de Brétigny, collision sur le passage à niveau de Millas, explosion de l’usine AZF, etc.), en application des préconisations du Guide méthodologique sur la prise en charge des victimes d’accidents collectifs du Ministère de la Justice. Ce dispositif prévoit une indemnisation amiable, rapide, intégrale et individualisée des préjudices des victimes et leurs ayants droit d’un accident collectif, pour le compte de qui il appartiendra, tout en sauvegardant leurs droits et toutes les voies de recours judiciaires. Cet accord-cadre intervient  indépendamment et préalablement à toute définition de responsabilité, et permet de préserver les victimes déjà profondément éprouvées de combats juridiques légitimes et de faire cesser la précarité qui accentue leur traumatisme depuis le 12 janvier 2019. Nous demandons de prendre rapidement toutes mesures utiles pour leur offrir un dispositif de réparation à la hauteur des conséquences de ce drame, aussi d’apporter une réponse aux besoins des plus de 150 touristes logés dans les hôtels de la rue de Trévise (Ibis Style et Mercure) qui ont précipitamment quitté la ville dans le chaos, sans aucun accompagnement postérieur.

 

➔ Nous souhaitions connaître votre position en tant que Candidat à la Mairie de Paris sur la mise en place de toute urgence d’un accord-cadre qui adresserait ainsi un message fort et rassurant de la Mairie de Paris auprès des victimes, quelle que soit leur nationalité, dans la difficulté pour leur résilience, et pour tous les parisiens. Nul doute que votre détermination à faire rayonner Paris à l’international à l’occasion des Jeux Olympiques de 2024 trouverait là une dimension supplémentaire.

Au vu de l’urgence de la situation que nous venons de vous exposer, nous souhaitons connaître votre position. Nous souhaiterions vous rencontrer afin de vous porter les témoignages des victimes, leur détresse et leur espoir de voir une action politique forte et éclairée qui prend en compte la sécurité et le bien-être des Parisiens.


Nous vous prions de croire, Mesdames, Messieurs les candidats à la Mairie de Paris, en notre haute considération. 


Dominique PARIS, présidente de l’association Trévise Ensemble

Linda ZAOURAR, présidente de l’association Victimes et rescapés de l’explosion de la rue de Trévise du 12 janvier 2019

Jean-Michel ROLLOT, président de la FENVAC

Sophia SECO, directrice générale de la FENVAC